L’artisanat fait sa révolution numérique

By 8 juillet 2018 Gwada MLCE No Comments
Alors que, mercredi soir, à Bordeaux, Jean-Pierre Gros, le président de la Chambre des métiers et de l’artisanat de Nouvelle-Aquitaine n’échappait pas à la traditionnelle cérémonie des vœux, il a évoqué avec nous le gros dossier de ces prochaines années pour l’artisanat : le virage numérique. Un virage que les acteurs de l’économie de proximité ne doivent pas rater.

Publiée en novembre dernier, une enquête de l’institut BVA montre que les artisans bénéficient d’une bonne image auprès des Français. « Les artisans sont perçus comme dépositaires d’un savoir-faire (94 %), travailleurs (93 %) et compétents (91 %). Et l’artisanat est perçu comme le moyen d’avoir une consommation responsable (76 %), donnant l’occasion de consommer des produits locaux (86 %) et respectueux de l’environnement (62 %) ». Pourtant comme tous les autres métiers, ceux de l’artisanat doivent faire face à la mutation numérique, laquelle sera accompagnée par la Chambre régionale des métiers de l’artisanat de Nouvelle-Aquitaine et son président, le Limousin Jean-Pierre Gros.

La mutation, la transition numérique, est l’un des principaux enjeux de ces prochaines années…

« Les nouveaux modes de consommation, l’ubérisation, la digitalisation, l’économie du partage et la consommation durable bousculent nos organisations et réinterrogent le modèle économique de nos entreprises artisanales. Si l’on imagine encore que des métiers échapperont à cette dimension numérique, on se trompe. Ceux qui ne s’adapteront pas, ceux qui ne se prépareront pas, vont disparaître. Dans l’artisanat, comme ailleurs, la finalité, c’est de servir les clients, des clients qui changent leur façon de consommer. »

En quoi nos boulangers, bouchers ou encore coiffeurs sont touchés par la transition numérique ?

« Lorsqu’un client va chez son boulanger, il achète sa baguette, ses viennoiseries, sur place ; l’artisan n’a donc, a priori, pas besoin de communiquer. Pourtant, de plus en plus, les clients veulent commander de façon digitale, depuis chez eux et à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit. Il faut donc trouver un moyen de répondre à ces attentes. De plus, le boulanger, lui-même, peut vouloir programmer et lancer sa fabrication depuis sa tablette. Il est donc important pour nous de l’accompagner. Quant au coiffeur, s’il attend que les clients passent la porte de son salon pour prendre un rendez-vous qu’il notera soigneusement avec son stylo dans son agenda papier, ça ne marchera pas alors qu’il est désormais possible de prendre un rendez-vous en ligne. »

La filière boucherie a déjà bien travaillé dans ce domaine…

« Oui, les bouchers se sont rapprochés du laboratoire XLim à Limoges. Via entre autre l’imagerie laser, il sera possible de tracer la viande et d’en connaître la qualité. Le numérique et la science vont donc aussi toucher ces métiers-là et permettre de répondre aux nouvelles attentes de consommateurs. »

« Ceux qui ne s’adapteront pas au numérique, ceux qui ne s’y prépareront pas, vont disparaître »

Quel sera le rôle de la Chambre régionale des métiers et de l’artisanat de la Nouvelle-Aquitaine ?

« Si l’on veut conserver et augmenter le nombre d’entreprises en Nouvelle-Aquitaine (voir ci-contre), il faut les aider à répondre à toutes ces problématiques de conversion numérique. On ne peut pas laisser seuls les artisans, on doit leur proposer un accompagnement numérique, c’est indispensable. Les jeunes s’adapteront, c’est sûr, mais il n’y a pas que des jeunes qui s’installent et tout le monde doit s’adapter. Le réseau aussi doit se mettre en ordre de bataille car notre rôle est de les y aider. Le projet de mandature est guidé par trois priorités d’action : premièrement, garantir un haut niveau de service à tous les artisans de la région ; deuxièmement, porter une offre de formation innovante pour répondre aux besoins des entreprises et des territoires, et enfin, renforcer la performance des chambres départementales grâce à la mutualisation des fonctions supports.
La transformation numérique des entreprises, des organisations et la montée en compétences de notre réseau sont le socle de la réussite du projet. »

À noter que la Chambre régionale des métiers et de l’artisanat s’est fixée 2021 pour mener à bien son projet et au passage faire en sorte que l’image des artisans 2.0 soit aussi bonne que celle véhiculée jusqu’à présent.

Ce qui a changé pour les artisans le 1er janvier 2018

Au 1er janvier 2018, de nombreuses évolutions législatives et réglementaires ont impacté les TPE et PME.

« La première cuvée 2018 est particulièrement dense en raison notamment du premier budget du quinquennat d’Emmanuel Macron », souligne Jean-Pierre Gros, président de la Chambre régionale des métiers et de l’artisanat de la Nouvelle-Aquitaine. Voici quelques-unes des nouveautés…

Micro-entrepreneur. À compter de 2018, les plafonds de chiffres d’affaires pour accéder au régime de la micro-entreprise sont doublés, soit 170.000 € pour les entreprises dont l’activité principale est la vente de marchandises, objets, de denrées à emporter ou à consommer sur place ou la prestation d’hébergement (gîtes, hôtels…) et de 70.000 € pour les prestations de service. Le seuil d’exonération de la TVA, lui, reste le même.

Logiciel de caisse. Les commerçants doivent désormais se doter d’un logiciel de caisse certifié et sécurisé afin de lutter contre la dissimulation de recettes et la fraude à la TVA.

Cotisations sociales et CSG. La suppression des cotisations salariales d’assurance chômage et d’assurance-maladie, en contrepartie d’une augmentation de la CSG d’1,7 point, entre en vigueur. Cette suppression des cotisations sociales se fera en deux temps : deux-tiers au 1er janvier et le dernier tiers au 1er octobre.

RSI. À compter du 1er janvier, le régime social des indépendants est supprimé et la protection sociale des travailleurs indépendants est confiée au régime général (qui couvre l’essentiel des Français) pour la prise en charge des risques maladie, vieillesse et invalidité-décès et le prélèvement de leurs cotisations. Cette réforme n’affecte ni les modalités de calcul de cotisations, ni le versement des prestations. Elle s’échelonnera sur une période de deux ans.

CPA. Le compte personnel d’activité (CPA) s’ouvre aux artisans en 2018 ; il nécessite une inscription en ligne avec le numéro de sécurité sociale. Comme les salariés du privé qui en bénéficient depuis 2015, les travailleurs indépendants verront notamment leur compte personnel de formation (CPF) abondé de 24 heures par année d’activité jusqu’à 120 heures de crédit formation, puis 12 heures par an dans la limite de 150 heures.

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